Chaque printemps, Bourges se métamorphose en une capitale de musique et de culture. Grand rendez-vous de la saison des festivals, le Printemps de Bourges donne le ton, entre découvertes musicales et émotions partagées. Pendant cinq jours, du 15 au 20 avril 2025, artistes et publics se sont retrouvés autour d’une édition placée sous le signe de l’engagement citoyen et de l’enthousiasme.
Créé en 1977, le Printemps de Bourges s’impose rapidement comme le premier grand festival français. À une époque où peu d’événements de ce type existent, il offre une scène unique aux jeunes artistes tout en mêlant différentes esthétiques musicales (chanson française, rock, électro, hip-hop…). Historiquement, il devient un tremplin majeur pour les nouvelles générations. De nombreux artistes de la scène française y ont fait leurs premiers pas devant un large public ; on peut citer Noir Désir, Alain Bashung, Christine and the Queens, Jeanne Added et tant d’autres.
Au fil des années, le festival a continué à se forger une identité de tremplin pour les jeunes artistes avec le dispositif des « Inouïs ». Les Inouïs, qu’est-ce que c’est ? C’est le premier dispositif national de repérage et de sélection de nouveaux talents artistiques. Le dispositif repose sur 28 antennes territoriales françaises et francophones, et mobilise plus de 350 professionnels chargés de dénicher la future perle de l’actualité musicale.
Au-delà de son rôle de dénicheur de talents, le Printemps de Bourges se distingue par sa capacité à évoluer avec son temps. Il intègre pleinement dans son ADN les enjeux sociétaux contemporains : diversité culturelle, accessibilité, écologie et engagement citoyen.
L’édition 2025 : entre musique et engagement
Le Printemps de Bourges ne se limite pas à la programmation musicale. Il se positionne aussi comme un vecteur d’inclusion, de lien social et d’éducation culturelle. Par le biais de son programme d’Éducation Artistique et Culturelle (EAC), le festival accompagne les jeunes publics à chaque étape de leur scolarité, encourage la pratique artistique et facilite la rencontre avec les œuvres et les artistes.
Plusieurs actions sont présentes :
- Récré-A-Son est une classe chanson du Printemps de Bourges qui permet chaque année à des élèves de CM1/CM2 de plonger dans l’univers des musiques. Des ateliers de pratiques artistiques et de création avec un artiste leur sont proposés – avec la possibilité même de visiter le conservatoire de Bourges. À la fin, une restitution publique est même prévue.
- Printemps iNOUïS des Collégiens vise à favoriser la rencontre des élèves avec des professionnels de la filière de la musique et du spectacle vivant pour en découvrir les métiers. Les élèves du collège Victor Hugo de Bourges et du collège de Nérondes sont présents dans ce programme, en partenariat avec le Conseil départemental du Cher. Ce programme permet également de développer leur curiosité et leur intérêt pour la musique en leur faisant découvrir les ambiances des musiques actuelles. Avec une immersion dans le journalisme musical, l’accent est mis sur la rencontre avec des artistes afin d’affûter leur regard de spectateur.
- Master Class du conservatoire de Bourges a pour objectif de mettre un.e artiste issu.e des iNOUÏS ou découvert.e par le Printemps de Bourges et l’association Réseau Printemps pour conduire un stage de pratique artistique à destination de jeunes élèves en voie de professionnalisation. Ce stage a pour aspiration d’asseoir et de renforcer leurs compétences. Les thèmes traités par les élèves-stagiaires pendant cette période sont l’écriture, le traitement du son, les arrangements ou encore la présence scénique. Pour cette 6ᵉ édition, l’artiste intervenant était Terrier.
Outre cette intervention dans le milieu scolaire, l’action du Printemps de Bourges résonne dans différents milieux. Le festival intervient pour organiser des concerts dans la maison d’arrêt de Bourges, proposent des instants musicaux à la gare ou dans les rues du centre-ville (organisés par les élèves du Conservatoire de Bourges), décorent certains lieux du festival avec les enfants des accueils périscolaires et des centres de loisirs de la ville, et bien d’autres actions culturelles… Les actions sont diverses et variées et se veulent polyvalentes dans le public touché.
La programmation : entre têtes d’affiche et révélations
La 49ᵉ édition du Printemps de Bourges Crédit Mutuel a confirmé son ambition : défendre une programmation musicale ouverte, audacieuse et représentative de son époque. Du rap à la chanson française, en passant par la techno expérimentale et les esthétiques hybrides, le festival a jonglé avec les styles et les générations. Ce choix artistique repose sur un équilibre entre têtes d’affiche reconnues, capables d’attirer des publics larges, et jeunes artistes en pleine émergence, souvent issus du web ou de scènes indépendantes. Cette diversité a permis de proposer au public des découvertes et des concerts attendus.
Parmi les révélations marquantes de cette édition, trois figures ont retenu l’attention, chacune à sa manière.
Piche est un artiste pluridisciplinaire révélé en 2023 dans la deuxième saison de Drag Race France. Avec son frère Arles, il propose un rap queer sensible et revendicatif, porté par un univers visuel fort. Son EP Festin explore les thèmes de l’identité, de la fête, du corps et de la famille. Son concert, entre performance scénique et énergie brute, a marqué les esprits.
Autre découverte du vendredi soir : Théodora, 21 ans, étoile montante repérée sur TikTok grâce à ses titres KONGOLESE SOUS BBLC ou FASHION DESIGNA. Son style unique mêle RnB, électro, créole et hyperpop. Sur scène, son charisme et sa liberté de ton ont électrisé un public curieux et conquis.
Le lendemain, Perceval a transformé le palais d’Auron en bastion de techno médiévale. Armé de son heaume de chevalier et vêtu d’un kilt, ce musicien inclassable mêle beats électroniques et sonorités anciennes. Une proposition musicale et scénique radicale, mais d’une efficacité indéniable.
À côté de ces révélations, le festival a pu compter sur plusieurs têtes d’affiche prestigieuses. On pouvait y voir Clara Luciani, qui, avec sa pop rétro assumée et sa prestance scénique, a livré un concert dense et généreux. MC Solaar, figure tutélaire du rap français, a enchanté les nostalgiques comme les plus jeunes avec un set mêlant classiques et nouveautés. Enfin, Vald, Jok’Air et Oboy ont assuré une soirée rap explosive, reflet de la vitalité actuelle de la scène urbaine française.
Cette 49ᵉ édition du Printemps de Bourges a rappelé combien la musique peut être à la fois un espace de fête, de réflexion et de transmission. En conjuguant découvertes et têtes d’affiche, initiatives citoyennes et ouverture artistique, le festival confirme son rôle de baromètre culturel et sociétal. Un Printemps toujours en mouvement, fidèle à son nom.