La deuxième édition du Tour de France Femmes, qui a eu lieu récemment, a débuté à Clermont-Ferrand. Les cyclistes ont entrepris une descente vers le sud de la France, avant d’arriver à Pau pour le contre-la-montre final.
Lotte Kopecky surpuissante
L’ouverture du Tour de France Femmes a débuté avec une première étape un peu discrète, sans véritables échappées, jusqu’à l’animation des derniers kilomètres. Seule une côte très courte a été programmée, à seulement dix kilomètres de l’arrivée. Dans un style rappelant le Tour des Flandres, une attaque était prévisible, et qui mieux qu’une flandrienne comme Lotte Kopecky pour la mener ? Kopecky a lancé une attaque audacieuse, menant la descente à pleine vitesse et s’emparant de la victoire de la première étape, ainsi que du maillot jaune. Cependant, ses compétences de puncheuse pourraient être mises à rude épreuve dans les pentes du Tourmalet.
L’étape suivante a été marquée par plus d’échappées, mais les sprinteuses étaient déterminées à se disputer la victoire. La pluie s’est invitée à la fête, causant plusieurs chutes. Malgré cela, c’est la sprinteuse Liane Lippert de l’équipe Movistar qui a triomphé, juste devant Lotte Kopecky.
La troisième étape semblait encore plus favorable aux sprinteuses. Julie Van de Velde a tenté une échappée solitaire vers la fin, mais a été reprise à seulement 150 mètres de l’arrivée. La victoire est revenue à la meilleure sprinteuse du monde, Lorena Wiebes, pour une deuxième victoire de la SD Worx. Lotte Kopecky a pris la troisième place, consolidant ainsi sa position dominante avec trois podiums, dont une victoire d’étape, en trois jours. La montagne reste le seul terrain défavorable pour Kopecky, ce qui dirige tous les regards vers l’étape du samedi, au Tourmalet.
La quatrième étape a présenté un défi plus grand, avec Lotte Kopecky conservant le maillot jaune et une avance d’environ 50 secondes. Quatorze concurrentes ont réussi à s’échapper, gagnant près de dix minutes sur le peloton qui a malheureusement sous-estimé leur avance. Après avoir réalisé leur erreur, le peloton a repris du terrain, mais une concurrente est restée en échappée : Yara Kastelijn. Elle a réussi à remporter la victoire en solo grâce à un impressionnant coup de force. Cependant, l’approche stratégique de l’équipe SD Worx lors de cette étape était difficile à comprendre, chaque coureuse semblant courir sa propre course. Kopecky a notamment attaqué seule, défendant seule son maillot, comme le montre la photo ci-dessous. Pour la première fois, la Belge n’est pas montée sur le podium.
La cinquième étape a été un coup dur pour la FDJ-Suez, avec l’abandon de leur jeune espoir de 24 ans, Evita Muzic. Souffrant depuis la veille, elle a finalement décidé d’abandonner après un passage à la voiture médicale. Malgré une tentative d’échappée, c’est Ricarda Bauernfeind, une cycliste allemande, qui s’est imposée après une attaque solo de 34 kilomètres. Avec seulement 53 kg, Bauernfeind a su tirer profit de son poids plume pour remporter sa deuxième victoire professionnelle, sur une étape du Tour de France. Kopecky, toujours en jaune, a terminé quatrième.
La sixième étape a montré des similitudes avec la dix-huitième étape du Tour de France masculin, avec trois échappées dans chaque course. Dans le Tour masculin, l’écart n’a jamais dépassé une minute trente, et dans le Tour féminin, il n’a jamais dépassé deux minutes. Néanmoins, dans les deux cas, l’échappée a réussi à aller au bout. Emma Norsgaard a finalement triomphé, avec seulement une seconde d’avance, dans un suspense qui a duré jusqu’à la ligne d’arrivée. Kopecky a de nouveau terminé sur le podium, marquant son quatrième podium de la course.
Tourmalet et le contre-la-montre final
La septième étape, l’épreuve reine, était attendue avec impatience. Incluant le col d’Aspin et le col du Tourmalet, cette étape était cruciale pour déterminer les meilleures grimpeuses et pour créer d’importants écarts au classement général. Le col d’Aspin a vu un grand nombre de concurrentes être éliminées, avec déjà les favorites se détachant en tête. Trois concurrentes, toutes présentes sur le podium de l’édition 2022, sont les premières à atteindre le sommet. Lotte Kopecky, quant à elle, parvient à rester dans un groupe de poursuite comprenant également Juliette Labous, la française qui offre une performance incroyable.
Une scène surprenante s’est produite dans la vallée, avec Annemick Van Vleuten et Demi Vollering, deux des trois leaders, qui ont décidé de ne pas coopérer et ont attendu le groupe de poursuite. Elles ont laissé Katarzyna Niewiadoma partir seule en direction du mythique Tourmalet. Un grand nombre de concurrentes ont donc chassé Niewiadoma, y compris Kopecky qui avait résisté à l’Aspin. C’est finalement Demi Vollering qui a lancé une attaque dans la montée du Tourmalet, mettant tous les autres en difficulté, y compris sa coéquipière, Kopecky. Malgré la visibilité réduite dans le brouillard, Vollering a été surpuissante et a rattrapé Niewiadoma pour finalement s’imposer en solo et s’emparer du maillot jaune.
Niewiadoma a résisté depuis la mi-parcours de l’Aspin, et n’a été rattrapée que par Vollering. Van Vleuten termine troisième, Labous cinquième et Kopecky sixième. Kopecky a fait une performance incroyable, bien que ce ne soit pas son terrain de prédilection. Au classement général, Vollering a 1 minute 50 d’avance sur Niewiadoma, laissant peu de chances à un revirement de situation lors du contre-la-montre de Pau. Van Vleuten est troisième, et Kopecky est reléguée à la quatrième place. La course pour la deuxième et troisième place n’est cependant pas terminée, quatre concurrentes n’étant séparées que de 50 secondes.
L’action n’est pas encore terminée lorsque les cyclistes atteignent Pau. Beaucoup aspirent à s’imposer sur ce contre-la-montre, tandis que d’autres espèrent gagner des places au classement général. Pour clore ce Tour dominé par la SD Worx, quelle meilleure issue que de voir la championne de Suisse du contre-la-montre l’emporter ? Malgré un incident avec une voiture dans la descente, Marlen Reusser s’impose, devançant sa coéquipière Vollering de 10 secondes et Kopecky de 38 secondes. Le podium est ainsi entièrement occupé par la SD Worx. Au général, Kopecky et Katarzyna Niewiadoma sont à égalité, la décision se fait alors au centième de seconde. Kopecky prend la deuxième place et Niewiadoma la troisième, offrant un doublé à la SD Worx sur le podium du général. Pour la deuxième année consécutive, la polonaise occupe la troisième marche. Juliette Labous, quant à elle, gagne une place au classement général pour finir cinquième, alors qu’elle était sixième au départ du matin.
Lotte Kopecky a sans doute impressionné tous les spectateurs, grâce à ses performances dans toutes les conditions : étapes escarpées, sprints massifs, haute altitude et contre-la-montre. Nous saluons également Cédrine Kerbaol, la Française qui remporte le maillot blanc, après avoir elle aussi fait preuve d’une grande résistance en haute altitude. Ces performances promettent un bel avenir pour le cyclisme féminin !
L’année prochaine, le Tour de France Féminin aura lieu en août pour éviter un conflit avec les Jeux olympiques. Il comprendra sept étapes, une de moins qu’en cette année, avec un départ de Rotterdam et, pour la première fois, une arrivée à Paris.